« C'était un jour froid, la neige tombait abondamment, le brouillard était si épais qu'on ne voyait pas à deux mètres devant soi. Pourtant, des hurlements de chiens perçaient le silence glacial. Les voix des hommes étaient atténuées par le vent, mais ils avaient peur, cela s'entendait. En avançant à travers la tempête de neige, on pouvait distinguer plusieurs silhouettes humaines, transies de froid. Une dizaine de chiens courraient autour d’eux, pataugeant dans la neige. Accident. Leur attelage était perdu dans la tempête, lorsque les chiens de tête étaient tombés d’une petite falaise, entraînant les autres dans leur chute les menant hors de la piste. On les avait cherchés pendant des jours, voire des semaines. Mais les humains avaient péri. Leurs chiens, quant à eux, avaient chassé pour survivre. S’étaient fabriqué des tanières pour dormir au chaud. Ils avaient presque retrouvé l’organisation des meutes de leurs ancêtres, choisissant un chef parmi un des deux chiens de tête, le plus robuste, Dakar. Un jour, ils prirent la décision de partir, loin du traîneau, loin des hommes, loin de leur ancienne vie. Ils marchèrent longtemps, les petits, oui car il y avait deux petits, n'arrivaient plus à avancer, transis de froids. Alors la meute s'arrêta. Elle s'arrêta au pied de cette immense montage qu'on appelle Le pic glacé, chez les chiens de traîneau. Ils étaient censés y rester quelques jours tout au plus, mais le gibier abondant, et la présence d'une forêt les convainquis. Mais à peine quelques jours les loups eurent vent de leur arrivée. Seigneurs de la montagne, de la forêt et de la plaine. Les chiens n'eurent d'autres choix que fuir, mais les deux petits furent tués sous les yeux de leurs parents. Dakar, leur père, jura de les venger. Ils se sont installés à distance de sécurité. Les loups, sûrs de les avoir chassés à jamais, ne découvrirent que deux ans plus tard qu'ils étaient toujours là, leur meute de plus en plus grande..., les loups ne pouvaient plus les battre ainsi. Ils n'ont établi aucune frontière, mais la limite, ils la connaissent. »